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Par Caïus Ceasar le 16 Juillet 2017 à 17:47
Dès les premières lueurs de l'aube, nous reprenons la route, déterminés à atteindre vite Ribadéo.
Avant toute chose, que diriez-vous de jeter un œil à la carte de cette longue étape ?
Progressant le long de la mer à une allure très rapide, nous atteignons Castropol alors qu'il n'est pas encore tout à fait neuf heures. Sa vision émergeant de al brume matinale est absolument sublime !
Assez vite, nous traversons la ville et arrivons au fleuve, qui se nomme Eo, marquant la séparation entre les régions des Asturies et de la Galice. Que faisons-nous ? Je pense que la réponse est des plus évidentes : nous cherchons un pont !
Voici celui que nous avons trouvé ! Nous étions encore loin ! Mais tant mieux ! Le cliché n'en demeure que plus magnifique !
Impatients, nous franchissons au plus vite le pont et découvrons avec émerveillement Ribadéo.
L'architecture des bâtiments me rappelle beaucoup l'art arabe ce qui n'est pas très étonnant puisque l'Espagne fut sous domination musulmane plusieurs siècles avant que ses souverains, grâce à al volonté d'Isabelle la Catholique, ne se décident à la reconquérir.
La matinée n'étant pas encore écoulée, Maria et moi avons décidé de prendre tout notre temps pour visiter la ville avant même de faire nos courses. D'abord, notre exploration commença par le port :
Néanmoins, le site le plus remarquable est incontestablement la plage des Cathédrales. Ais-je réellement besoin de vous en expliquer la signification de ce nom ?
La voici pour le moment à marée basse, soit quand nous étions en train de l'explorer dans ses moindres recoins :
Et la voici à marée haute :
Après tous ces éblouissements, il commençait à être tard et j'ai rappelé à Maria nos obligations. Nous nous sommes rendus dans un coin tranquille où j'ai réfléchi à l'itinéraire de notre prochaine étape pendant que ma compagne dressait la liste de ce qui nous manquait.
Lorsque je suis sorti de mes réflexions, Maria et moi nous sommes disputés. Je soutenais que nous devions jeter les bouteilles d'eau qui devenaient trop vieilles, à force d'être sans cesse remplies, et que celles-ci nous rendraient malades. Elle refusait de me croire et s'obstinait à vouloir avoir raison. Son attitude puérile m'agaçait et je suis parti faire les courses en emportant l'argent et insistant pour y aller seul.
Honnêtement, quand je songe à cette scène, je ne sais qui avait raison ou tort. Néanmoins, je n'arrive pas à condamner mon attitude. J'agissais avec raison. Maria avec son impulsivité. Or, pour survivre, tu as besoin d'écouter ce qui est le meilleur pour toi, pas seulement ton instinct. Alors, je crois que j'ai eu raison.
En tous les cas, cette dispute m'a permis de prendre conscience que Maria et moi n'étions pas compatibles. Nous nous entendions pendant ce voyage car tout ne reposait que sur l'imprévisibilité mais dans une relation sur du long terme, je comprenais, le cœur lourd, que nous allions un jour ou l'autre nous séparer.
Tout en méditant à ces tristes réflexions, je cherchais une épicerie. J'ai fini par en trouver mais j'ai également surpris de stupides galopins qui s'amusaient à voler des fruits sur l'étal installé devant le magasin en profitant des faiblesses physiques d'un employé souffrant de problèmes de dos qui l'empêchent de courir. C'est plus que visible à sa démarche.
Déterminé à donner une bonne leçon à ces sacripants, j'observe à distance où file le gamin que j'ai pu apercevoir. Il se faufile entre les jambes des passants et rentre dans une ruelle. Je m'approche à pas de loups et profite que l'un d'eux sort pour barrer toute retraite aux autres. Ils sont deux. Je les attrape chacun d'une main pour les apporter avec triomphe au patron de l'épicerie pour les jeter à ses pieds.
Cependant, la réaction de l'épicier m'a profondément choqué et énervé. Qu'il soit en colère après ces larcins répétés, surtout que ces trois-là s'y amusaient depuis le début des vacances, je le comprends. Mais rien n'excuse cette claque qu'il a donné à l'un d'eux. Rien ! Absolument rien ! J'ai déjà expliqué mon point de vue avec Evan mais je le redis ici : on n'éduque pas un enfant par la violence en lui apprenant par le dialogue les erreurs qu'il a pu commettre.
Contrairement à mes habitudes, je ne suis pas intervenu. On ne négocie pas avec un taureau en colère. J'ai préféré me retirer et faire mes courses. A mon retour, au passage en caisse, l'épicier me reconnait et veut me remercier de mon intervention en m'offrant mes achats pour la somme de... zéro euros ! Vous voyez ? La générosité appelle à la générosité même si la récompense ne doit pas être la carotte que l'on recherche pour avancer sur le chemin du Bien. Non ! Nos actions doivent uniquement être guidées par notre conscience.
Avant de quitter l'épicerie, je me suis tourné vers les garçons qui attendaient, d'un air piteux, leurs parents pour leur prononcer cette petite maxime de mon crû :
"Soyez honnêtes et les gens seront bons avec vous. Soyez de mauvais garçons, ils vous détesteront."
Je pense, en toute sincérité, que cette phrase associée au geste de l'épicier aura certainement davantage raison dans l'esprit de ces jeunes êtres que la violence d'une correction aussi absurde qu'inique. J'espère qu'à présent ces enfants marchent sur un meilleur chemin.
~~ Ambulando meus magna erit, superbia magis.~~
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