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Par Caïus Ceasar le 12 Juillet 2017 à 23:17
Avant de reprendre mon récit, continuons un peu à ménager le suspense. Prenez le temps d'observer sur la carte là où se situe exactement la ville de San-Sebastian :
Alors que j'explorais au hasard l'agglomération qui s'étend sur des kilomètres et des kilomètres, mes pas m'ont mené à un grand parc. Là, en descendant par un escalier, mon regard s'est posé sur une fille assise sur une marche. Elle semblait ne rien avoir de spécial. C'était une adolescente typique comme il en existe des centaines au travers de notre monde. mais un détail a retenu mon attention : elle portait un sac à dos, semblable au mien, qui me paraissait lourd. Et si... Et si cette jeune fille était elle aussi en fugue ?
Pris de doute, sachant ce qui pouvait survenir aux mineures en fugue, surtout si celles-ci avaient la malchance d'être jolies, j'ai voulu m'approcher en entrer en contact. Qui plus est, je me trouvais en Espagne, un état où la prostitution est toujours légale. Je me souviens avoir vu à plusieurs reprises des maisons closes ayant pignon sur rue dans des avenues ou des boulevards pullulant de monde. Enfin, ceci constitue la coutume espagnole. Autre pays, autres mœurs !
Alors que je tentai de parler à la jeune fille, elle s'est aussitôt crispée pour se relever ensuite et enjamber la rambarde. Elle a sauté précipitamment de l'autre côté et s'est sauvée. Quelle vivacité incroyable ! Néanmoins, je n'étais pas entièrement rassurée. Je l'ai suivi, empruntant le même chemin, et elle m'a mené jusqu'à une forêt en pleine milieu du parc.
Quelque peu nerveux, je cherchais ses traces et j'ai fini par apercevoir la jeune fille étendue au sol, la tête contre le tronc d'un arbre, les pieds dans les racines. Elle avait bien sur trébuché dans sa fuite. Classique ! Heureusement pour elle que je n'étais pas un prédateur...
Désireux de lui venir en aide, je m'approche en posant un genou au sol. Quelle bêtise ! A ce moment, alors que j'en reste pantois, la fille me saisit par les bras en se redressant vivement pour me plaquer ensuite soudainement au sol. Je suis bloqué, totalement immobilisé. Impossible de me dégager ! Quelle humiliation ! Je ne lui en veux pas de m'avoir battu. Après tout, elle a été bien plus forte que moi. J'en veux uniquement à moi-même pour avoir baissé ma garde et ne pas avoir pensé à ce scénario. Une belle bêtise qui pourrait, dans certains cas, être mortelle !
A terre, soumis à sa volonté, la fille me regarde, menaçante, et semble déjà déterminée à m'assommer d'une pierre à portée de sa main. Charmant programme ! Mais qui n'est vraiment à mon goût ! Oh que non ! Et dire que je la croyais inexpérimentée, que je m’inquiétais pour elle... En vrai, c'est une guerrière de level 56 ! Désespéré, je tente de la persuader, lui expliquant que je suis moi aussi mineur en fugue... Ce fut un long et âpre combat mais je réussis à ce qu'elle me lâche pour lui montrer ma carte d'identité.
Au début, elle doute encore. Depuis le début de voyage, du fait de mes expériences capillaires, ma barbe s'est mise à pousser. De plus, ma carte d'identité a été faite quand j'avais dix ans et la photographie montre un petit garçon et non un adolescent. Je suis de plus en plus désespérée lorsque soudain elle accepte finalement de me croire. Enfin ! Ce n'est pas trop tôt !
Tout d'abord, je lui parle de mon histoire, celle d'un enfant placé en foyer car les services sociaux ont considéré que ses parents ne pouvaient s'occuper de moi. Elle me raconte à son tour la sienne. elle se nomme Maria Lacias et est originaire de Barcelone où sa famille réside depuis cinq ou six générations. Elle ajoute être la benjamine et unique fille d'une fratrie de sept enfants. Elle me confie étouffer à cette place, que ses parents exigent d'elle une réussite impressionnantes, que ses frères ont déjà tous de prestigieuses carrières, que même ses amis songent déjà à un bon avenir. Maria se sent de plus en plus enfermée au sein de cette existence étriquée a fini par prendre la décision de tout quitter pour se jeter à corps perdu sur les routes. Pour elle, c'était de la survie. Autrement, elle se serait certainement tuée.
La détermination qui brillait dans les yeux de Maria, je m'en rappelle comme si je la voyais encore en face à moi. Et c'est si gênant à écrire ces lignes. J'ai une petite amie actuellement, que je chéris plus que tout au monde, et je me demande comment elle prendra ces révélations. Cependant, je ne veux rien cacher non plus et certainement un événement aussi marquant de ma vie. alors... Alea jacta est !
Au fil de nos confidences, Maria et moi nous sommes de plus en rapprochés. Je lui ait combien je la trouvais courageuse et qu'elle m'impressionnait. Elle en a été un peu été gêné. C'était mignon. Je lui ai aussi dit qu'elle avait eu raison de quitter sa famille. Lorsque nous ne sommes pas heureux quelque part, si on est apte à se débrouiller seul, plutôt partir que de rester à se morfondre dans la peine et la souffrance. Je pense ces mots avec sincérité.
Peu à peu, la situation est devenue plus intime. Lentement, tous deux hésitant, aussi intimidés l'un que l'autre, nous sommes embrassés avant de nous perdre dans de précieux moments qui n'appartiennent qu'à nous.
Euh... Ma chérie, je t'en prie, tout ceci c'est du passé. La seule que j'aime en cet instant, c'est toi. Ces souvenirs que je retranscris sont très beaux mais ils appartiennent au passé que toi, ma belle, tu es mon présent et mon avenir.
Après plus d'une journée de complicité corporelle, nous avons brusquement faim. J'ai songé alors à mon voyage. Mon cœur en était déchiré. Je ne pouvais renoncer à mon défi si près de mon objectif. J'avais accompli tant de chemin depuis le jour de mon départ. Néanmoins, dire adieu Maria m'était tout aussi complexe. Alors, tout fébrile, je lui ait proposé de m'accompagner. Et vous savez quoi ? Elle a dit oui !
A partir de maintenant, j'ai une compagne de voyage et je me sens plus prêt que jamais à aller jusqu'au bout du monde !
~~ Ambulando meus magna erit, superbia magis.~~
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