• Après cette étape très agréable à la ferme Mangeon, j'ai continué mon voyage. Deux jours s'étaient écoulés. J'approchais de la Rochelle lorsque de petites traces de sang ont retenu mon attention. J'ai remarqué alors la présence d'un ours en peluche, un doudou comme en ont la plupart des jeunes enfants. Ce détail m'a tout de suite alerté. Je me suis précipité pour porter secours à celui qui l'avait perdu.

    Un petit compagnon remuant

    Suivant la trace laissée par le sang, je me suis enfoncé dans la forêt et j'ai découvert un garçonnet assommé contre les racines d'un arbre. Anxieux, je me suis approché et l'ai soulevé pour mieux l'étendre sur le sol. Il est heureusement revenu à la vie et semblait se porter comme un charme. Les blessures qui parsemaient son corps, étaient fort heureusement, des éraflures !

    En m'apercevant, l'enfant est devenu très méfiant. Il me connaissait pas. Sa réaction est très saine et démontre que celui-ci a été très bien éduqué. peu à peu, déployant toute ma diplomatie, j'ai su gagner sa confiance et j'ai soigné ses plaies. Il m'a ensuite dit son nom, Evan, puis conté sa triste histoire : ses parents ont divorcé quand il était tout petit et son père n'a depuis jamais de temps pour lui. Le garçon en était terriblement triste et s'est mis en tête de se rendre seul à Royan pour interroger son père si celui-ci l'aimait afin de pouvoir tirer un trait définitif sur lui si la réponse aurait été négative. Il avait même déjà fugué de nombreuses fois mais avait été arrêté chaque fois en sortant de Niort.

    Evan...

    Mon petit Evan...

    Je me souviendrai toujours de toi. Tu es apparu dans ma vie par le plus grand des hasard, nous sommes restés ensemble que peu de temps et nos chemins ne se recroiseront sans doute plus jamais. Pourtant... Pourtant, le petit être que tu étais a laissé à jamais une empreinte indélébile dans mon cœur. Tu me manques, mon petit Evan. Je songe si souvent à toi, me demandant si tout va bien pour bien, m’inquiétant si tes parents s'occupent bien de toi, me questionnant si tu es toujours aussi curieux et plein de vie... Evan... Je t'aime. Je t'aime, à distance, quoique tu fasses, quoique tu deviennes, et si tu lis un jour ces lignes, sache combien j'étais fier et heureux pour chaque moment que nous avons pu partager.

    Merci, mon petit Evan. Merci pour tout.

    Un petit compagnon remuant

    Mais revenons au présent du récit. Au départ, je ne savais pas quoi faire de ce petit garçon. Ma conduite aurait dû de le mener au premier poste de police que l'on ramène à sa mère. C'était la chose que la plupart des gens feraient, non ? Mais cet enfant, par sa bravoure exceptionnelle, sa détermination fermement ancrée, m'a touché. Je ne pouvais pas l'abandonner. Après tout, il avait déjà fugué. De retour chez lui, il n'y resterait que le temps d'organiser la prochaine. Cela aurait duré jusqu'au jour où il serait parvenu à son objectif et décédé en cours de route. Je ne pouvais l'abandonner. J'ai cédé aux élancements de mon cœur et décidé d'emmener Evan à Royan.

    Quel voyage mouvementé !

    Un petit compagnon remuant

    En arrivant à la Rochelle, Evan m'a guidé

     Ses grands-parents maternels l'y ont souvent emmené en vacances et il connait bien la ville. Il m'a mené au port. Là, nous avons longuement marché au bord des quais en contemplant l'océan et les trois tours. C'était magnifique ! J'en ai profité pour lui raconter toute l'histoire de la cité, en particulier celle des guerres de religions. A ce moment, mon petit Evan m'a surpris en faisant un parallèle avec les terroristes qui sévissent malheureusement à notre époque. Son analyse se révélait si juste. Il songeait aux paroles de sa mère, désireuse d'expulser les étrangers, et les considérait mauvaises, essayant vainement de trouver d'autres solutions plus efficaces. C'est si touchant et rafraichissant d'entendre un enfant réfléchir à des problèmes que les adultes croient maitriser alors qu'ils n'ont aucune prise dessus. Les enfants, sous leur air inoffensif, sont désarmants par leur sincérité et et leur intelligence.

    Un petit compagnon remuant

    Peu après, j'ai décidé de quitter la ville. Je ne voulais y passer la nuit en compagnie d'un aussi jeune garçon. Nous aurions vite été arrêtés. Evan s'est mis à protester et râler. Nous nous sommes rendus à une épicerie pour faire quelques courses mais en sortant il s'est échappé et a a manqué de se faire renverser par une voiture. Quelle frayeur !

    A la suite de cet incident, j'ai vite quitté la Rochelle, agacé. Evan, lui était devenu tout penaud. Quand nous fûmes hors de l'agglomération, à l'écart sur une plage, j'ai voulu le gronder sur sa conduite lorsque Evan s'est mis spontanément à baisser son pantalon d'une expression misérable. Mon cœur s'est aussitôt serré. Il a ensuite ajouté que je pouvais lui donner une fessée comme sa maman faisait toujours après l'une de ses bêtises ou souhaitait le voir plus sage. Un tel traitement m'horripile ! Comment peut-on frapper un enfant ? De qui lui apprend t-on alors ? Que la violence permet de se faire obéir ? C'est une stupidité méprisante ! J'ai abandonné toute idée de sermonner Evan et je l'ai réconforté en lui déclarant qu'un enfant ne devait jamais être puni de cette manière-là.

    Mon petit Evan... J'espère que tu ne reçois plus de fessée. Je l'espère de tout mon cœur.

    Néanmoins, grâce à cet épisode, nos relations sont devenues excellentes. Evan se comportait enfin en petit garçon obéissant mais continuait à m'inonder de questions sur tout ce qu'il voyait. C'était une sensation extrêmement agréable ! J'aime transmettre mon savoir et voir les yeux de mon petit Evan étinceler à chacune de mes réponses se trouvait être le plus beau de tous les plaisirs.

    Un petit compagnon remuant

    Après une nuit passée sur la plage depuis laquelle nous pouvions admirer le fameux fort que l'on aperçoit chaque été à la télévision, nous avions repris la route jusque Rochefort. Sur le chemin, j'ai appris à Evan que c'était là que se trouvait l'arsenal royal où était autrefois construits les navires. Je lui ait parlé naturellement de la fameuse Hermione de la Fayette. Il est devenu aussi excité que moi et souhaitait alors visiter lui aussi le site. Cependant, une fois à Rochefort, nous avons déchanté. Il était justement fermé au public ce jour-là. Quel frustrant manque de chance !

    Un petit compagnon remuant

    Peu avant notre départ, Evan m'a alors annoncé qu'il ne voulait plus aller à Royan voir son père et ne s'intéressait plus à ses parents qui le délaissaient totalement. Son seul et unique était de voyager en ma compagnie sur les routes de France. Il me comparait au fameux Vitalis et lui s'imaginait être le jeune Rémi. A ce moment, mon cœur a saigné. Mais ce n'est rien par rapport à la douleur que je ressens en cet instant en écrivant ces lignes. Evan... Mon petit Evan... Tu es si gentil et attachant. Je lui ait expliqué que ce n'était pas possible car nous pourrions être séparé n'importe quand, citant alors une péripétie du roman avec le procès qui envoya un mois Vitalis en prison obligeant le héros à se débrouiller seul, et que lui devait apprendre auparavant les choses qui lui permettraient un jour de vivre seul. Il a compris et a accepté puis a ensuite promis qu'un jour nous nous retrouverions pour voyager de nouveau ensemble pour toujours.

    Un petit compagnon remuant

    La carte de la Rochelle à Rochefort

    Evan... Mon petit Evan... J'aimerais pouvoir te dire que je t'attends, mais la vérité, c'est que je ne pourrai plus jamais voyager comme je l'ai fait tout le long de cet été 2015. Je ne pourrai plus jamais connaitre cette liberté et cette insouciance. Tel Icare s'approchant trop près du soleil, mes ailes ont brûlé et je suis désormais cloué à vie au sol. Evan.... Mon petit Evan, tu vas devoir voyager seul. Pardon.

    Un petit compagnon remuant

    Après Rochefort, nous avons poursuivi la route. La Tremblade, Marenne... Je me rappelle de chaque paysage contemplé avec toi, Evan, des vagues grondantes de l'océan qui résonnaient à nos oreilles, de tes questions incessantes.... Finalement, nous avons atteint le 25 Juin 2015 Royan, le but que tu t'étais fixé.

    Un petit compagnon remuant

    Royan... Je me rappelle avoir trouvé la ville trop industrialisé à mon goût et moche malgré la présence la présence de l'océan. Evan y est devenu terriblement nerveux, osant à peine manger. Je l'ai exhorté à reprendre courage en lui remémorant tout le parcours qu'il avait accompli et ne pouvait s'arrêter si près du but. Nous nous sommes rendus à la demeure de son père. Il s'est avancé seul jusqu'à l'entrée, brave comme un lion, et a sonné. Son père est apparu et Evan lui a demandé s'il le détestait. L'homme en a été désarçonné, surtout que son fils s'est ensuite mis à pleurer de toutes les larmes de son corps. Mon pauvre petit bonhomme... Tu m'en as brisé le cœur.

    Incapable de rester inactif, je me suis moi aussi avancé pour expliquer au père les raisons de la fugue de son fils. Il en a pâli. Je lui ait sommé de s'expliquer avec lui et il est parti dans le jardin avec son fils.

    Un petit compagnon remuant

    La carte de Rochefort à Royan.

    Resté seul devant l'entrée, je me suis décidé à entrer dans la maison pour les attendre. J'en ai profité pour recharger mon smartphone pour aller observer le père et le fils qui parlaient, assis sur la balançoire. Tous deux pleuraient. Quelle scène touchante ! Dans la pièce, j'ai découvert le téléphone de l'homme et vu les sms de son ex-épouse morte d'inquiétude. Désireux de calmer ses angoisses désormais inutiles, je l'ai appelé. Une sacrée bêtise ! naturellement, cela l'a rendu plus anxieuse d'entendre un inconnu lui dire que son fils allait bien : elle a raccroché en annonçant prévenir la police.

    Sur le niveau de la stupidité, en ce qui concerne ce coup de téléphone, ma bêtise se place très haut.

    Devant cette menace, je me suis dépêché de partir en emportant vite mon smartphone et son chargeur. Sans courir, ce qui aurait paru bien trop suspect, je me suis dirigé d'une allure rapide vers le rapide pour prendre le premier ferry afin de franchir l'estuaire de la Gironde.

    Un petit compagnon remuant

    Moins d'une heure plus tard, j'avais quitté Royan sans un regard e arrière. Mon petit Evan était pourtant juste derrière moi. Mas, en attendant, le voyage continue !

    ~~ Ambulando meus magna erit, superbia magis.~~


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  • Deux longues journées venaient de s'écouler depuis mon départ précipité de Poitiers. Je marchais le long d'une nationale totalement déserte. Ce n'est en aucun cas une figure de style telle que j'apprécie assez souvent des les employer. Non. Cette fois, ce n'est pas une hyperbole.

    Premiers pas vers l'océan

    D'ailleurs, à ce sujet : évitez de reproduire une erreur commise dans ma jeunesse : quand on vous dit hyperbole, ne confondez pas une hyperball qui sert à attraper plus facilement vos Pokémon ! Ce n'est pas du tout la même chose et je ne peux que vous confirmer qu'un professeur de Français prendrait très mal votre erreur. Cela me rappelle que j'avais ensuite appris toutes les figures de style en les associant à un Pokémon. Par exemple : "Zigzaton m'apporte un zeugma et la victoire. J'avais également trouvé : "Métamorph se transformant en n'importe quoi est une métonymie à lui seuil."

    Hem... Je crois que j'ai encore un peu trop digressé. Tant pis ! Ce passage-là, je le garde ! Servez-vous de ces idées pour apprendre avec vous aussi les figures de styles ! Vous verrez, après, on ne les oublie plus !

    Premiers pas vers l'océan

    Où étais-je resté ? Ah oui ! Je disais donc que la route était déserte. En effet, j'ai croisé pas un seul véhicule. Sous mes yeux, une campagne immense s'étendait mais personne ne semblait y vivre. Je traversais parfois de petits villages mais tous vides. Je dois aussi  avouer avoir éviter Niort, une ville très importante, et j'y aurais vu sans doute des gens mais le calme et le silence me plaisaient. J'ai ainsi éviter de perdre ces compagnons.

    Quelle est ma prochaine destination ? Ni plus ni moins, que la Rochelle ! Je me souviens de l'excitation qui ne cessait de grandir en moi au fil de mes pas. Je brûlais d'impatience d'apercevoir pour la première fois de mon existence l'océan. Je connais naturellement ma chère Méditerranée et la Manche. Le paysage ressemblerait-il à celui de la mer ? Les marées auraient-elle la même puissance ? Étaient-elles plus fortes ? Ou pas ? Je me posais sans cesse toutes sortes de questions auxquelles je souhaitais avoir vite les réponses. J'étais redevenu un enfant.

    Voici un aperçu de la carte des lieux :

    Premiers pas vers l'océan

    Je vais profiter de ce passage pour réaliser encore une digression. Une de plus ! Néanmoins, vous devez commencer à être familier de mon style. Je dois vous conter un fait s'étant déroulé dans les quelques heures après mon départ de Poitiers. J'ai reçu un appel téléphonique de ma mère, terriblement inquiète. Elle avait vu sur Internet une vidéo devenue rapidement virale de mon combat contre l'homme au cran d'arrêt. Je l'ai vite rassuré et expliqué que je ne prenais que des risques calculés. Mourir ne m'intéresse pas. Je lui ait rappelé Je veux vivre ma vie à fond et en jouir jusqu'au dernier jour sans le moindre regret. Mais j'en profite donc pour vous remettre en mémoire cette vidéo dont je suis certain vous avez dû regarder l'été dernier pendant quelques semaines. Par contre, pas de chance ! Les angles sont si mal filmés que vous apercevez seulement am silhouette ou je suis alors de dos. N’espérez donc pas surprendre mon visage ! Ah ah !

    Décidément, l'écriture de ce passage est très décousue. C'est probablement parce que je n'ai pas grand chose à dire. Par conséquent, j'essaie de broder un peu afin de le faire durer davantage.

    Premiers pas vers l'océan

    La ferme des Mangeon se trouve tout à droite.

    Lors de mon troisième jour, j'ai eu l'étonnement d'être hélé par un vieux paysan un l'homme que devait lui envoyer lui envoyer le Pole Emploi de Niort pour couper tout son bois et les ranger dans sa remise. Au début, j'ai été assez embarrassé, ne sachant pas bien quoi répondre. Puis, une idée m'est venue de prendre la place de celui qui semblait ne pas venir. De cette manière, en échange du gîte et du couvert, j'ai abattu cet ouvrage.

    Premiers pas vers l'océan

    M et Mme Mangeon forment un couple absolument charmant. Elle m'a nourri au déjeuner et au dîner comme si j'avais absolument trente kilos à prendre ! Et ses plats étaient tout simplement divins ! La dernière soirée passée en leur compagnie, elle a tenu absolument à laver mes vêtements. Je crois bien que la pauvre femme en aurait tombé malade si j'avais continué de refuser ! Ou elle m'aurait attaqué pour me déshabiller de force peut-être...

    Premiers pas vers l'océan

    Son époux n'est pas en reste. Il aimait beaucoup me parler de sa vie, de ses problèmes, de la politique... Ses conversations étaient toutes si intéressantes. Et il a même tenu à me donner un salaire conséquent pour mon travail, en plus du gite et du couvert ! Sincèrement, je n'aurais jamais pu tomber sur des personnes plus gentilles et dévouées. Quand je pense à leurs enfants... En partant s'installer à Paris, ils ont coupé tout pont avec eux à cause de ce qu'ils nommaient un stupide métier pour arriérés mentaux". Quelle honte ! Il est parfaitement déplorable de se montrer aussi méchant envers de si bons parents. Je prie pour le couple puisse renouer un jour avec eux avant de quitter ce monde.

    En tous les cas, grâce à cette étape intermédiaire dans mon parcours, mon estomac était plus que plein et j'avais pu prendre une douche. Un véritable luxe ! Si vous saviez comme j'appréciais l'eau chaude sur mon corps après des jours de marche sans avoir pu me laver ! Mme Mangeon m'avait aussi offert quelques vivres et son mari une forte somme d'argent. Mon voyage pouvait reprendre sous les meilleurs auspices.

    Mais nous verrons la suite une prochaine fois !

    ~~ Ambulando meus magna erit, superbia magis.~~


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  • Je vous présente la carte de notre beau pays :

    La France

    Les étapes de mon parcours :

    Rouen

    Paris-Neuilly-sur-Seine

    la forêt de Rambouillet

    Chartres

    Orléans

    ma semaine en Touraine

    Poitiers

    la Rochelle

    Fouras

    la Tremblade

    Royan

    Bordeaux

    Dax

    Bayonne

    Hendaye

     


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  • Après trois jours de marche dans une campagne quasi déserte, je redécouvre la grosse ville. J'entre dans Poitiers par les quartiers les défavorisés, défigurés par des dizaines de longs ou hauts immeubles moches dans lesquels s'entassent de bien trop nombreuses familles dans des conditions de vie indécentes.

    Rebondissements à Poitiers

    Alors que j'explore peu à peu l'agglomération en y flânant au hasard, mes oreilles perçoivent les hurlements d'un commerçant en colère après son fils adolescent. Ce dernier lui avait promis l'aider à décharger les marchandises contenues dans sa camionnette. L'ingrat préfère courir voir sa copine, délaissant son père et son engagement. Que peu d'honneur anime ce jeune homme ! Le respect de sa parole devrait pourtant être toujours une valeur sûre et sur laquelle quiconque ne devrait revenir.

    En mon for intérieur, je considère la scène intéressante pour mes affaires. Je m'approche et propose à l'épicier : pendant que lui tient son négoce, je décharge et range ses marchandises. Il se montre réticent mais accepte, contraint et forcé, ne pouvant se permettre de fermer son magasin. Pendant le travail, j'en profite pour recharger totalement mon téléphone. A la fin de la besogne, je vais le signaler à mon patron et celui-ci devient bien plus joyeux en découvrant la qualité de mon labeur. Il me remet une forte somme d'argent et m'accorde le droit de prendre ce que je désire. Quelle belle aubaine ! Grâce à lui, j'ai obtenu gratuitement des vivres pour une semaine complète !

    En quittant l'épicerie, l'après-midi s'achève. Je me décide à chercher un abri et en trouve un dans un terrain de jeux pour les enfants en bas âge. Le portail en était naturellement clos mais al barrière basse. L'escalader m'a pris quelques secondes, tout au plus. Je suis alors dissimulé derrière une benne à ordures qui m'abriterait en plus de la fraicheur de la nuit que je sentais déjà monter. Avant de m'endormir, j'ai téléphoné à ma mère, heureux d'entrer de nouveau sa voix et de lui donner des nouvelles. J'ai ensuite mangé quelques biscuits pour me restaurer et laissé mon corps se reposer enfin.

    Mon sommeil se révéla de piètre qualité. Je fus plusieurs fois réveillé par des bruits d'origine diverse dont je n'ai su comprendre de quoi il s'agissait. A cinq heures, le camion qui ramassait les poubelles me donna le coup de grâce. Je décida de profiter de l'aube naissante et du calme qui régnait encore dans les rues pour partir à la recherche des clochers de Poitiers.

    Voici quelques uns d'entre eux :

    Rebondissements à Poitiers

    L'église Notre-Dame de Poitiers.

    Rebondissements à Poitiers

    L'église Saint-Hilaire.

    Rebondissements à Poitiers

    La chapelle Saint-Louis.

    Je pourrais vous en montrer encore des dizaines. J'ai exploré la ville pendant pas loin de sept heures et j'ai su découvrir de nombreuses églises. C'était comme un jeu de piste ! Je me suis beaucoup amusé et j'ai vu des sites absolument magnifiques.

    Je suppose que j'aurais pu continuer ainsi tout le reste de la journée mais le destin en a décidé autrement. Alors que je remontais une avenue bondée, j'ai aperçu des racailles frapper un homme à terre, lui donnant même des coups de pied dans le ventre. Les passants s'éloignaient d'un pas rapide, changeaient de trottoirs. Personne ne prêtait attention à l'infortunée victime. Cette agression en pleine rue, devant une multitude de témoins, me révolte encore. Mon sang en frémit à cet instant où je rédige ces lignes. Je condamne cette violence gratuite mais sans encore plus cette lâcheté indolente à ne pas intervenir.

    Sans une once d'hésitation, je me suis avancé pour neutraliser ces brutes. Les trois premières sont vite tombées et ont rejoint les poubelles toutes proches. Un d'eux a même atterri la tête dedans ! Que voulez-vous ? Entre déchets, on s'attire ! Le leader de la petite bande s'est approché à son tour pour me menacer d'un cran d'arrêt, prêt à m’assassiner en pleine rue. J'ai adapté ma stratégie à mon adversaire. Cela présente un avantage indéniable de posséder une intelligence supérieure aussi vive : on s'adapte sans la moindre difficulté à n'importe quelle situation. J'ai rapidement maitrisé l'homme pour l'étendre au sol, à moitié inconscient. J'en ai profité également pour lui casser tous les os de sa main droite du pied. Il a aussitôt crié comme un foret. C'était un son très agréable à entendre dans la bouche d'un individu habitué à semer la terreur sur son passage. Par ailleurs, grâce à cette blessure, il conservera un souvenir éternel de notre rencontre.

    A ma surprise, des policiers sont brusquement sortis d'une voiture en stationnement pour arrêter les hommes qui reposaient au sol. Un brigadier s'est avancé ensuite vers moi pour me féliciter de mon intervention héroïque puis me racontait qu'il recherchait activement le chef de ce gang, surtout que celui-ci a tué un agent un mois plus plus tôt. Parfait ! Et un délinquant dangereux de moins dans la nature, un ! Les choses se sont ensuite compliquées. Le brigadier souhaitait que je l'accompagne pour une déposition des faits. Un devoir que tout citoyen se doit d'accomplir mais auquel je devais impérativement me soustraire ou mon voyage aurait été compromis.

    A présent, je suis forcé de vous révéler la vérité. A cette époque, j'avais quinze ans. Par conséquent, mineur en fugue. Qui plus est, je vivais alors en foyer. Dès que la police aurait confirmé mon identité, j'étais bon pour repartir avec les services sociaux.

    Incapable de supporter la perspective que mon beau voyage s'achève de manière aussi lamentable et que mon été redevienne aussi monotone que les précédents, j'ai négocié avec le brigadier en prétendant devoir retourner rapidement à mon travail, que mon patron en serait furieux autrement, et promettant ensuite de venir au soir pour ma déposition. Il a accepté à contrecœur et j'ai immédiatement filé.

    Sans perdre de temps, j'ai quitté la ville au pas de course en empruntant les ruelles désertes. Après un pareil exploit, n'importe quel agent allait me reconnaitre. Une heure plus tard, je me suis à nouveau trouvé en pleine campagne, mettant le cap vers la Rochelle, ma prochaine étape.

    ~~ Ambulando meus magna erit, superbia magis.~~


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  • Malgré la merveilleuse semaine qui venait de s'écouler, j'étais heureux de reprendre la route. Quitter la vie oisive, le confort de l'hôtel et même mon ami Bernard ne m'attristaient pas. Au contraire, retrouver la liberté totale m'enivrait. De toute manière, à quoi bon les regrets ? Chaque chose, bonne ou mauvaise, a toujours une fin. Même les roches des montagnes, aussi solides soient-elles, s'érodent et cèdent sous le passage du temps. Par conséquent, se plaindre ou être malheureux n'apportera jamais rien. Satisfaisons-nous plutôt d'aujourd'hui au lieu de regarder hier qui ne reviendra jamais !

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    Un manoir privé que j'ai aperçu au loin

    Ma prochaine étape est Poitiers, la ville aux cent clochers. Parti de Tours, je longe cette fois une nationale. Quelques voitures y circulent mais assez peu dans l'ensemble. Lors de la seconde journée, je m'accorde une pause dans un pâturage où paissent des vaches. J'en profite pour me restaurer et observe les animaux vivre tranquillement lorsque je les vis tous se lever dans un sursaut. Leur précipitation m'intrigua. Cela ne rentrait pas dans les habitudes des bovins de se montrer aussi alerte. Je les suivis du regard, curieux de connaitre les causes de cette agitation. Le troupeau se dirigea en grande hâte vers la barrière du pré. Derrière, à ma plus sainte horreur, se tenait un tracteur. Je déglutis. Le propriétaire venait inspecter ses terres.

     Vers de nouvelles péripéties

    Échaudé par mon expérience dans la Beauce, j'en avais retenu que les agriculteurs détestaient les rôdeurs qui s'infiltraient sur leurs parcelles. par conséquent, il devenait évident que celui-là ne me ferait pas exception et serait furieux de me trouver en train de piquer-niquer sur ses terres. Ne voulant surtout pas d'ennuis, je ramasse mes affaires, ferme vite le sac et court vers le fin fond du pâturage.

    Sans perdre de temps, pressé par l'urgence, je saute par dessus la haie. Quelle belle surprise m'attendait derrière, en vérité ! Je me mis à dégringoler à toute vitesse le long d'une pente pour terminer am course dans un buisson d'orties. J'avais mal partout mais ne pouvait surtout pas hurler. Le fermier m'aurait entendu et mes efforts pour lui échapper auraient été vains. Je me suis obligé à me taire, me pinçant alors les joues pour m'empêcher de crier.

    Quand le fermier est finalement reparti, à mon soulagement immense, je me suis relevé pour commencer à me soigner. Désireux de ménager mon corps, je me suis reposé jusqu'au petit matin.

    Le lendemain, j'ai repris la route en pleine forme. Néanmoins, malgré toute ma bonne volonté, les éléments se sont chargés de me rappeler à quel point l'être humain est peu de choses face aux colères de la Nature. Un orage s'est brusquement déclenché. J'ai ainsi dû m'abriter dans une grange qui se trouvait au milieu d'un champ. L'auberge était confortable et gratuit. Installé dans le foin, j'ai contemplé le ciel et la tempête qui se déchainait. Elle a cessé finalement un peu après la tombée de la nuit.

     Vers de nouvelles péripéties

    Voici la grange où je suis abrité.

    Après toutes ces péripéties qui ont animé ma route, je suis parvenu à Poitiers dans la matinée du 16 Juin 2015. Arrêtons ici le récit. Nous entamera la suite la prochaine fois !

     Vers de nouvelles péripéties

    Voici la carte des lieux où s'est déroulé cette partie de mon périple.

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