• Les folies d'une aventurière

    Depuis de longues minutes, j'observe la page blanche de mon écran sans trouver les bons mots pour formuler mes idées. Je crois que nous allons débuter ainsi : ma chérie, si tu lis ces lignes, pourrais-tu, s'il te plaît, sauter le paragraphe qui va suivre ? Pour toi, comme pour moi, ce sera préférable. Milladieux ! J'aurais dû écrire ce récit du temps où j'étais célibataire... Cela aurait eu le mérite de simplifier les choses.

    Les folies d'une aventurière

    Après une soirée paisible en tête à tête, Maria et moi, nous nous sommes endormis dans un recoin tranquille de Leikito avec le ciel pour seule couverture. Néanmoins, une pluie nous a réveillé dans le milieu de la nuit. Nous avons couru en urgence jusqu'au porche de la basilique qui nous a servi de refuge. Là, incapable de se rendormir, nous avons fait l'amour malgré le voisinage si proche. Cela ne me ressemble pas. Moi, si discret et pudique, détestant étaler mes sentiments en public, j'ai oublié toute retenue pour me fondre entièrement dans le bonheur.

    J'ai mal au ventre en écrivant cette dernière phrase. Ma chérie, tu es la seule et unique personne que j'aime. En ce moment, même si je suis forcé de me souvenir d'une autre pour retracer cette partie de voyage, il n'y a que toi dans mon cœur. Je t'aime, mon amour. Je t'aime et je t'adore.

    Au petit matin, le réveil fut matinal. J'ai ainsi découvert que les espagnols sont un peuple qui se lèvent tôt pour profiter des heures les plus fraîches pour faire la sieste dans l'après-midi et s'éveiller pour le début de al soirée jusque tard dans la nuit. C'est un tout nouveau mode de vie pour moi même si il me rappelle un peu celui de mon cher Midi natal.

    Les folies d'une aventurière

    Rapidement, Maria et moi remettons nos vêtements et quittons la place remplies de nombreux stands sur lesquels s’entassent différents produits de l’artisanat local. Nous en profitons pour prendre la route. il est à peine six heures. Le soleil se lève à peine, tout comme nous.

    Afin de m'orienter dans une campagne que je connais à peine, je me dirige vers une grande route pour consulter les panneaux et prendre la direction qui nous rapprochera de notre future étape : Getxo. Par la suite, je choisis de m'écarter de l'axe trop fréquenté à notre goût par la circulation automobile mais tout en gardant à l'oreille son bruit. Nous évoluons ainsi au travers de prairies et vallées immenses, peuplées par les herbes folles. Les paysages sont magnifiques.

    Les folies d'une aventurière

    Alors que je me concentre avec ma boussole à garder le cap, Maria gambade librement, toute heureuse. Elle saute parfois sur les rochers, rit souvent puis vient me rejoindre pour partager nos découvertes. Tout nous émerveille et nous ravit.

    Brusquement, un bruit d'eau retient mon attention. Intéressé par l'idée d'un bon bon, je me précipite et plonge dans une rivière à l'eau rafraichissante. Son débit est rapide mais après ma traversée en pleine mer, plus aucun courant ne peut m'effrayer. Maria reste cependant quelques instants sur la rive à m'observer. a t-elle peur de l'eau ? Je la vois marcher vers un gros chêne. A ma stupeur, elle y grimpe et se met à califourchon sur une branche surplombant la rivière. Je suis terrifié. Mon regard la suit sans savoir quoi faire. Elle est censée souffrir d'un terrible vertige. Et si elle tombait ?

    Les folies d'une aventurière

    Soudain, Maria se met debout sur la branche. Mon cœur est alors proche de s'arrêter. Ses yeux se ferment et son corps plonge pour s'enfoncer dans l'eau. Elle ne réapparait pas à la surface. La panique me submerge. Les minutes s'écoulent. Elles me paraissent être des heures. Je me décide à aller la chercher. Je devais la sauver. Absolument. A n'importe quel prix.

    Brusquement, au moment où je m'apprête à plonger, une mai tape mon épaule. Je sursaute et pousse un cri mémorable. Maria se tient alors devant, riant de bon cœur de ma réaction. Quelle.... cinglée ! J'ai aimé son caractère, sa spontanéité, sa joie de vivre... cependant, à bien y réfléchir, nous n'étions pas compatibles. Sur le long terme, nous aurions fini par nous séparer. Notre histoire s'est terminée de la meilleure des manières. Sans choc.

    Après ces émotions, nous sommes sortis du bain et avons repris la direction de la grande route. Notre parcours s'est prolongé pendant plusieurs heures dans la campagne déserte. Seul le bruit lointain des véhicules nous rappelait l'existence de la civilisation et nous servait de guide invisible.

    Les folies d'une aventurière

    Finalement, en plein milieu de l'après-midi, nous sommes parvenus à Getxo. C'était une agglomération immense. Pour vous donner une idée, elle ressemblerait à Lyon ou Marseille. A ma surprise, j'ai aperçu le visage jovial de Maria se transformer et s'assombrir. Les villes, surtout si celle-ci sont si industrialisées, la terrifient et la plongent dans une angoisse épouvantable. Elle se remémore de sa Barcelone natale, de sa famille.... Son mal-être me touche. Je lui promets de partir une fois nos courses effectuées et l'itinéraire vers notre prochaine étape tracée.

    Rapidement, nous trouvons une épicerie et j'achète, à ma stupéfaction, autant de produits qu'en France mais pour un prix dérisoire. Incroyable ! Maria m'explique que les taxes sont moins importantes en Espagne mais sans être capable d'entrer davantage dans les détails. Nous allons ensuite nous installer dans un square. pendant que j'étudie la carte, Maria partage nos provisions et les répartit équitablement dans nos deux sacs.

    Les folies d'une aventurière

    Une fois, mon itinéraire établi et certain que celui-ci nous mènera bien à Astillero, je range la carte et propose à Maria de partir. Néanmoins, je me dois de l'avertir que nous devrons certainement dormir dans cette immense zone urbaine. Elle en est agacée et l'exprime de manière crue. Son sourire revient cependant et propose de partir vite pour espérer prendre le plus d'avance possible sur notre trajet. Dans son hâte, elle court déjà sans penser à emporter son sac.

    Amusé, je récupère nos deux sacs et la rejoins d'un pas plutôt rapide malgré le fardeau qui m'est imposé de transporter. Maria attend tranquillement, adossée à une rambarde qui surplombe une autoroute, et se glace d'effroi en me voyant arriver ainsi chargé. Elle s'excuse mais je lui assure que cela n'a pas du tout gêné. Ce n'est pas un mensonge. Après tout, mon voyage m'a rendu bien plus fort et endurant que n'importe qui saurait l'être. Moi, je ne m'effondrerai jamais pour une broutille.

    Les folies d'une aventurière

    Main dans la main, nous avons ainsi commencé à avancer pour quitter cette atmosphère urbaine qui empoisonnait l'esprit de Maria.  

    ~~ Ambulando meus magna erit, superbia magis.~~

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