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    Lorsque je sors de Reims, dix heures viennent juste de sonner. Nous sommes le 21 Août 2015 et je m'apprête à m'élancer sur le Chemin des Dames. Pour ceux qui ne connaitraient pas, n'imaginez pas qu'il s'agit d'une route qui permet de se rendre aux Pays-Bas pour y acheter un certain type de fromage ! Non, non ! En réalité, c'est une voie tracée sous le règne de Louis XIV et servait de promenade à ses filles. Néanmoins, le lieu reste avant tout célèbre pour être le désolant théâtre de boucheries effroyables survenues lors des terribles conflits engendrés par la première guerre mondiale.

    Le chemin des Dames

    Tout le long de ma progression, je conserve am carte à portée de main pour vérifier que je passe bien par les bons villages qui jalonnent ce triste chemin et songe en même temps qu'un siècle tôt beaucoup de personnes se sont faits tuer sur ces mêmes terres que je suis en train de fouler. Cela vous procure un sentiment d'humilité totale de penser à toutes ces vies détruites pour une chose qui ne les concernait pas. Néanmoins, dans le même temps, j'en comprends le sacrifice. Si de nos jours, notre patrie était attaquée directement, je serai fier de m'engager et de partir les combattre en dépit de mépriser la guerre et les militaires. Mais j'aime ce pays où je suis né et qui est le mien et refuse de le voir tomber dans des mains qui ne le respecteraient. Par conséquent, je respecte ceux tombés pour le protéger et les jonore tous qui qu'ils soient.

    Voici quelques uns de ces petits villages que j'ai eu l'occasion de traverser. Tout d'abord, Glennes :

    Le chemin des Dames

    Incroyable ! Même si loin du Midi, il y a encore du ciel bleu ! Un véritable miracle !

    Révillon :

    Le chemin des Dames

    Voilà ! Ici, c'est le véritable ciel de ces latitudes froides et désolées !

    A cet endroit, j'ai traversé le canal de l'Oise :

    Le chemin des Dames

    Et toujours ce temps magnifique typique à la région 

    Moussy-Verneuil :

    Le chemin des Dames

    Peu après avoir passé le village de Osten, le jour a commencé à décliner. J'ai ainsi commencé à installer mon camp et préparé le feu pour déguster sans le moindre entrain une infecte boite de fayots en conserve. Milladieux ! Comme je hais cet aliment !

    Voici justement le lieu où je me suis arrêté :

    Le chemin des Dames

    Au lendemain j'ai repris la route. Dans les débuts de la matinée, j'ai atteint la petite commune de Vaudesson dont en lisant une plaque commémorative m'a renseignée que celle-ci avait été entièrement détruite pendant la guerre. Ému, je me sus arrêté pour visiter chaque lieu et m'imprégner de ses souvenirs.

    Le chemin des Dames

    Après une telle visite bouleversante, j'ai poursuivi mon chemin et traversé encore plusieurs villages et petites communes. Bien trop pour pouvoir toutes les citer et vous les montrer. Laissez-moi m'arrêter à celle qui m'a le plus marqué. C'était Camelin :

    Le chemin des Dames

    On appelle cette chose, ci-dessous, la Croix des Héros, un monument en hommages aux morts de la première guerre mondiale. Eh bien.... Comment dire sans me montrer irrespectueux ? Je... Navré mais pour moi, tout ce que cet édifice représente est une verge en érection. Pardon !

    Le chemin des Dames

     

    Après cette commune, j'en ai traversé plusieurs autres encore pour atteindre ensuite l'Oise puis le canal latéral de l'Oise. Je les ai franchi tous deux grâce à un pont.

    Le chemin des Dames

    Peu après, je suis passé par Varesnes puis je me suis résolu à emprunter un détour pour à l'approche de Noyon pour éviter de traverser une aussi grosse agglomération qui m'aurait ralenti en m'obligeant à chercher mon chemin.

    A partir de là, j'ai emprunté une départementale à la circulation plus qu'importante. Il me fallait faire preuve de beaucoup de prudence et avancer derrière le fossé afin d'éviter tout accident stupide. A la tombée de la nuit, je n'arrête pour dresser le camp, manger, dresser un bilan de mes vivres et me reposer enfin.

    Le lendemain, je me réveille comme à l'accoutumée tôt, à peine six heures, et reprends vite la route. Très vite, une sinistre vision me procure un effroyable sentiment. Cette nuit-là, à quelques kilomètres de mon campement, une voiture a réalisé une embardée et s'est écrasée dans le décor. Les pompiers œuvraient autour du véhicule pour dégager les corps de ce qui était encore quelques heures plus tot une famille.

    Soudain, un pompier passe près de moi. Dans ses bras reposent le plus horrible des fardeaux : une toute petite fille, sept ou huit ans pas plus, les yeux encore ouverts. il me confie qu'elle n'était pas attachée, comme aucun des trois enfants, et a été éjecté dans l'accident pour être jetée contre un arbre. Rupture des cervicales. Pauvre gamine... Avec tristesse, je m'avance, l'embrasse au front et lui ferme respectueusement les yeux pour laisser ensuite le pompier l'amener dans la fourgonnette pour que son collègue l'enveloppe de son sinistre sac mortuaire.

    Le cœur lourd, je reprends péniblement la route, me forçant à oublier cette épouvantable image. Quelques heures plus tard, le cris des mouettes se mêlent aux bruits de la circulation. Amiens est devant moi, tout proche !

    ~~ Ambulando meus magna erit, superbia magis. ~~

     


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