• Du landes désertiques à Bayonne

    Depuis mon départ de Bordeaux, j'ai marché trois longues journées dans ce qui n'est qu'un vaste désert vert. Le département des Landes n'est qu'une immense forêt de pins où on n'aperçoit nulle part une maison ou une âme. Cela en devient même déprimant.

    Du landes désertiques à Bayonne

    Tout en progressant le long d'une route, je n'ai jamais vu un seul véhicule. J'étais parfaitement seul au monde ! Finalement, Dax m'est apparu.

    Au commencement, la ville semblait tranquille et tristement banale. Rien ne retenait mon attention. J'ai soudain perçu des cris qui m'ont mené au parking désert d'un magasin en friches. Des garçons y tabassaient un autre pendant que leur chef observait à distance et s'en régalait sous le prétexte stupide que sa victime était un homosexuel. Il paraitrait que ce serait un critère d'un manque de virilité. Parmi mes honorables lecteurs, j'espère qu'aucun d'eux ne nourrit en lui de pareilles pensées. Autrement, il risque de se sentir très insulté puisque je considère les gens émettre des remarques aussi absurdes comme les plus grands imbéciles qui soient.

    Passons outre ce détail et revenons vite au récit. Sans perdre une seconde, je me suis précipité vers le petit coq qui donnait ses ordres et l'ai jeté au sol d'un coup de poing bien placé. Il s'est mis à crié après ses gorilles mais ceux-ci, en bons lâches, ont fui. Je me suis alors régalé à effrayer le petit chef d'un ton glacial e lui expliquant que son comportement était similaire à celui d'une bête sauvage enragée. Je lui ensuite dit que si tel était le cas, il devrait être abattu. Naturellement, il en est devenu livide et a imploré ma grâce. J'ai accepté de la lui donner en lui proposant une partie de chasse et en lui accordant dix secondes d'avance. Ah ! La bêtise peut croire n'importe quelle fadaise ! J'ai à peine prononcé le chiffre un que ce vulgaire manant s'est sauvé à toutes jambes.

    A la fin de cet acte tragi-comique, je me suis avancé vers la pauvre victime. C'était un jeune homme de dix-neuf ans, étudiant en sciences de l'éducation, qui se nommait Jérôme. Il a mentionné que le garçon responsable de son agression l'avait poursuivi toute l'année de ses velléités car il avait révélé être gay. Il avait bien essayé de porter plainte mais l'argent de son père achetait des témoignages qui l’innocentait. Ces individus manipulables à l'extrême sont pour moi plus détestables encore que les brutes sans cervelles. Dans le second cas, on tape sans réellement comprendre, sans s'interroger. Or, dans le premier cas, on sait qu'on agit mal mais on s'en fiche. Pour moi, leur crime s'avère donc beaucoup plus grave et mérite un châtiment bien plus lourd.

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    Jérôme m'a invité chez lui pour soigner ses blessures. par chance, les brutes n'avaient causé que des éraflures et des ecchymoses. Elles seraient disparus en quelques jours. Mais à force de se toucher, Jérôme et moi avons ressenti un désir nous saisir qui nous a consumé pendant une partie de la nuit.

    Au petit matin, je me suis presque levé en même temps que le soleil. J'ai pu savourer avec délice les bienfaits d'une douche chaude qui m'a nettoyé de toutes les impuretés que le voyage collait à ma peau puis j'ai réfléchi à mon itinéraire vers Bayonne.

    Du landes désertiques à Bayonne

    Alors que je m'apprêtais à partir, Jérôme s'est réveillé et m'a fait une scène que je l'abandonnais, qu'il croyait passer la semaine avec moi. Ce garçon était vraiment d'une candeur inimaginable ! De manière assez ferme, je lui ait expliqué que j'étais un voyageur qui ne s'accordait que de très brèves étapes dans les villes par lesquelles il passait. Je lui ait aussi conseillé d'apprendre à grandir. Je l'ai ensuite quitté sans me retourner, sans un remords de conscience.

    Une petite heure après avoir quitté Dax, je me suis arrêté pour préparer mon repas. Le premier d'une longue série de fayots ! Mon estomac réclamait à grands cris de la nourriture. Je n'avais rien avalé depuis Bordeaux, exception faite d'un fruit de temps en temps qui me servait surtout à étancher ma soif et à économiser l'eau.

    Du landes désertiques à Bayonne

    Après ce repas pris en pleine nature, à l'abandon de tout, j'ai repris la route. J'avançais le long d'une nationale sur laquelle circulaient souvent des voitures. Les grandes vacances avaient commencé : les touristes affluaient.

    Vers le début de la soirée, alors que la nuit était tombe depuis deux bonnes heures, j'ai atteint Bayonne. Les touristes grouillaient partout et recouvraient le chemin. J'avançais à l'allure d'une tortue. Néanmoins, les illuminations de la ville étaient magnifiques,  en particulier, celles se reflétant dans les eaux de l'Adour.

    Du landes désertiques à Bayonne

    Néanmoins, mon corps commençait à ressentir les effets de la fatigue. Je me devais de trouver un coin où me reposer, loin de toute cette agitation. j'en ai déniché un sur le parking d'un supermarché dans un quartier périphérique de la commune. A peine installé, j'ai sombré dans un profond sommeil.

    Le réveil se révéla difficile et agité. Alors que je dormais du sommeil du juste, un chat sauvage m'a sauté dessus. D'abord surpris, j'ai vite réagi et l'ai éjecté vite de mon périmètre en le lançant au loin par la queue. Vous trouvez cela cruel ? Sans doute. Mais ce n'est pas moi qui a attaqué le premier ! De toute manière, je ne vois pas pourquoi j'aurai à m'en justifier !

    Du landes désertiques à Bayonne

    Après cet assaut, j'ai choisi de contrôler les vivres qui étaient à un niveau optimal pour ensuite tracer l'itinéraire vers ma prochaine étape. Hendaye. Ma dernière étape en France. Après, ce serait l’Espagne. J'étais tout ému. Après un mois de voyage, après avoir subi différentes épreuves, j'avais atteint la porte de l'Espagne. J'avais traversé mon pays entier. Je rayonnais de fierté. Ma courage et ma détermination avaient vaincu tous les obstacles.

    Avant de reprendre la route, je téléphone auparavant à ma mère pour prendre de ses nouvelles mais surtout l'avertir que je ne pourrais plus communiquer avec elle pendant un mois. En Espagne, je n'aurai  accès à aucun réseau. Nos adieux ont été émouvants mais j'ai su retenir les larmes.

    Enfin, j'étais prêt à repartir. Vers l'Espagne !

    ~~ Ambulando meus magna erit, superbia magis.~~

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