• Chartres

    Après cette agréable escale au sein du merveilleux site de Rambouillet, j'ai repris la route.

    En abandonnant les sentiers forestiers, mes pas ont alors foulé l'herbe fraîche ornant le bas-côté. Sur la chaussée roulaient assez vite de nombreux véhicules. Camions de marchandises, automobiles... J'en passe ! J'avançais loin d'elle, protégé par la présence d'un fossé.

    A cette époque, mon organisme manquait de résistance. Il s'épuisait vite. Je me souviens de ces fréquentes pauses que je devais m'accorder, assis au pied d'un arbre ou d'un simple panneau, à attendre de récupérer des forces. J'en profitais alors pour jeter un œil à mon itinéraire en vérifiant sur ma carte que je me trompais pas de chemin. Ah oui ! Petit détail pour les incorrigibles qui ne savent plus sortir de chez eux sans utiliser une application GPS : j'ai voyagé pendant trois mois en me servant uniquement d'une carte et d'une boussole et m'en suis très bien passé. Par conséquent, nous pouvons très bien vivre sans cet outil qui va finir par réduire la taille de votre cerveau. La technologie peut s'avérer très utile mais elle ne doit jamais remplacer nos facultés. Réfléchissez-y ! Ainsi, la prochaine fois que vous vous déplacerez pour un lieu inconnu, essayez de tracer votre propre itinéraire. Et si vous faites des erreurs ? Tant pis ! C'est la manière dont on apprend !

    Finalement, tout en mangeant des biscuits en buvant de l'eau tout au long du trajet, je suis parvenu à Chartres vers la fin de l'après-midi. Si je me rappelle bien, il devait être seize. Ou peut-être dix-huit. Je n'arrive pas à m'en souvenir avec certitude. La ville m'a paru agréable, quelque peu bruyante à cause de la circulation mais que ce ne soit insupportable. Par ailleurs, à cet instant, mon regard a capté un signe auquel mon esprit n'a su se dérober.

    Chartres

    La cathédrale m'a appelé et je suis venu à elle. C'est un édifice splendide, lumineux et impressionnant à en couper le souffle. Je me souviens du vertige qui m'a envahi lorsque je la visitais. Je me sentais comme ivre même si la comparaison est difficile à vérifier puisque je n'ai jamais touché à une seule goutte d'alcool. Cependant, rien qu'en repensant à ce moment, de légers frissons secouent ma peau et mon cœur bat plus fort.

    Chartres

    Ah ! Quelle visite prodigieuse ! Émouvante ! Sensationnelle ! Laissez-moi vous conter quelques menues informatiques historiques. Les premières pierres de l'édifice ont été posées en l'an de grâce 1145 et les dernières en 1220. Cela nous donne une période de construction très courte : approximativement soixante-dix ans. A l’échelon de l'Histoire, cela représente une minuscule seconde. Songez à la grandeur du bâtiment, aux détails incroyables, et aux moyens rudimentaires des ouvriers ! C'est une véritable prouesse ! 

    Une anecdote cocasse sur la cathédrale : Comme vous le saviez, naturellement, chaque Roi et Reine de France s'est fait sacrer à Reims là où Clovis a reçu son baptême. Un seul a dérogé à la tradition : le bon Roi Henri IV. Vous souvenez-vous de lui ? C'est celui auquel on rattache le panache blanc et de la poule au pot ! Un plat délicieux que je vous recommande vivement si vous n'en avez jamais goûté. Revenons cependant à l'histoire et excusez, une fois encore, ma prédilection aux digressions.

    A cette époque qui a vu naître Henri IV, nous sommes en pleine guerre de religion. D'ailleurs, l'événement le plus sanglant, que l'on nomme la Saint-Barthélemy, eut lieu quatre jours après son mariage avec la princesse Marguerite de Valois, sœur du roi actuellement sur le trône : Henri III. Vous renseigner sur cette période fascinante serait un plaisir mais produirait un effet trop exhaustif et nous éloignerait de la raison d'être de ce blog. Par conséquent, rappelez-vous de mon fameux conseil : les livres sont vos précieux amis qui auront toujours la réponses à n'importe quelle question que vous poserez.

    Ainsi, une guerre civile effroyable ravage notre pays et les différentes ligues se combattent pour imposer la domination de leur culte. Ah ! Que de batailles pour un Dieu que l'on dit incarner l'Amour et la Bonté ! Que de mots absurdes en son nom ! Les terroristes qui sévissent à l'heure actuelle ne sont que les héritiers des fanatiques d'hier. Ainsi soit-il ! L'Homme étant l'Homme, refusant d'apprendre de ses erreurs, cela n'évoluera jamais et l'Histoire se répètera inlassablement. Le constat est triste mais réaliste.

    En 1589, le roi Henri III meurt, assassiné par le tristement célèbre moine Clément, sans enfant. Le trône échoit à son cousin germain, époux de sa cadette : Henri IV. Néanmoins, du fait des guerres civiles, le monarque ne peut se faire couronner à Reims qui se trouve dans les territoires de ligues ennemies. Il sera donc sacré dans cette cathédrale de Reims qui peut ainsi se glorifier d'avoir ravi cet honneur à sa consœur.

    Le lieu rengorge bien sur d'autres informations tout aussi intéressantes mais je je peux tout citer ici. Ce serait bien trop long ! Mon objectif est de vous ouvrir les portes ! A présent, trouvez la motivation pour vous engager sur ce chemin et enrichir vos connaissances.

     

    Alors que je me tenais sur le parvis, j'ai eu la chance de rencontrer un curé qui a accepté de m'ouvrir les portes et m'a même servi de guide. J'ai pu visiter l'entière cathédrale sous sa houlette et ses explications Un pur plaisir ! Je ne remercierai jamais ce saint homme qui mérite d'être admis au Paradis si ce lieu mythique existe.

    Chartres

    Monsieur Bertrand Lagneau est véritablement un homme d'église qui réconcilie avec la religion l'athée fondamentalement convaincu que je suis. C'est un homme d'une intelligence rare, d'une générosité sans égale et d'une immense ouverture d'esprit. Nonobstant de me faire visiter la cathédrale, il m'a accueilli à sa domicile, m'a nourri et logé pour la nuit. Nous avons discuté de longues heures et sa conversation fut un régal.

    Si vous lisez ces lignes, M. Lagneau, je vous remercie sincèrement, du plus profond de mon cœur, pour tout ce que vous avez pu accomplir pour moi. Merci.

    Après cette soirée excellente passée ensemble et une bonne nuit de sommeil, j'ai repris ma route pour diriger mes pas vers ma prochaine étape. Avant de me laisser partir, M. Lagneau a tenu à faire la preuve une nouvelle fois de sa générosité en m'offrant un colis de nourriture qui m'ont été fort utile. Je lui en exprime ma gratitude éternelle et me considère comme son débiteur.

    Me voici hors de Chartres. Je vais donc vous laisser là pour conter plus tard la suite de cette histoire.

    ~~ Ambulando meus magna erit, superbia magis.~~ 

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